Aventures en Keshan
"La boucle du temps"


Un partisan du Capitaine raconte ...

C'était le début de la morte saison et nous nous sentions forts après quelques victoires éclatantes sur les Sélendal. Mais ce n'était que le début de nos peines.

Cela faisait près de six mois que je m'étais joint aux hommes du Capitaine. Il faut dire qu'après le meurtre de ma famille par les soudards du Sénéchal, je n'avais nulle part ou aller. Le Capitaine s'est indigné de notre misère et des injustices reignant sur la vallée. Il était là, au plus fort de l'hiver, pour nous offrir gîte et nourriture, alors que partout sévissait la famine et les exactions du Sénéchal. Il était là pour nous guider, nous apprendre à défendre nos terres, à nous battre pour notre liberté. Aujourd'hui nous étions près de 50 auprès de lui et déjà nous donnions du fil à retordre aux hommes du Sénéchal.

Un homme étrange que le Capitaine. Un peu froid de prime abord mais c'était un homme de poigne, rusé et habile stratège. De plus il savait comprendre ses hommes; d'un seul coup d'oeil il pouvait reconnaître la vrai nature et les aspirations de chacun. Autant dire que les espions ne faisaient pas long feu ici. Peut-être était-il haut-rêvant ou du moins inspiré par les dragons car parfois il semblait être à plusieurs endroits en même temps nous révélant alors des visions tantôt grandioses, tantôt terrifiantes d'autres rêves et d'autres temps. Mais c'était le Capitaine et qui étions-nous pour nous permettre de le juger?

Notre armée allait grandissant et se renforçant quand la nouvelle du mariage de Johanne la fille d'Oléron Sélendal, notre ennemi d'aujourd'hui, avec Selmar le fils de Blénol Sélendal, notre ennemi d'hier, atteignit les oreilles du Capitaine, il comprit rapidement que la réconciliation des deux familles ennemies quoique issues d'un ancêtre commun permettrait au Sénéchal, le bras armé d'Oléron, d'accentuer la répression avec des moyens accrus. Le Capitaine décida de marcher sur Galparan pour l'ultime bataille. C'est avec appréhension mais déterminés que nous partions pour cette campagne qui devait sceller le destin du plateau de Warg.

C'est a mi-chemin que nous rencontrâmes un groupe de voyageurs hétéroclite. J'en surpris un à nous espionner alors que nous faisions halte dans les bois. C'était un homme raisonnable qui se faisait appeler Djarn et il n'opposa aucune résistance lorsque nous le conduisîmes vers le camp pour le livrer au Capitaine. Djarn affirma qu'il était là par hasard et n'avait rien à voir avec notre combat. Etrangement, le capitaine le crut et, ayant appris qu'il voyageait en compagnie, il m'envoya chercher le reste de la troupe : Morgandilas un guerrier accompagné de sa femme Cheveux aux Vents, d'un barbare au nom imprononçable (quelque chose comme Chteu Chteu je crois) et d'un médecin nommé Logart.

Moi je ne leur faisais pas confiance mais le capitaine me demanda de lier connaissance et d'essayer de les gagner à notre cause. Ce ne fut pas chose facile car ils ne semblaient guère s'intéresser à l'argent. Mais la vue du village d'Esclandre brûlé par les hommes de main du Sénéchal en représailles pour nous avoir aidés et la détresse du capitaine qui a horreur du feu et tentait désespérément de sauver les dernières maisons du village; tout ceci sembla avoir ému le guerrier Morgandilas au point de le conduire à proposer ses talents à notre cause. Les autres se rangèrent également de notre côté sauf le prétendu médecin Logart qui profita de la confusion pour nous fausser compagnie.

Arrivés à Galparan, le capitaine dut admettre qu'une attaque frontale était vouée à l'échec: en effet les troupes d'Oléron étaient renforcées par certaines garnisons provinciales et Blénol, souverain du plateau de Mawé, n'était pas venu sans une escorte digne de ce nom. Le capitaine pensa alors emprunter un passage secret menant au château mais ses informations étaient erronée car ce n'était pas chez un drapier nommé Elander mais chez un marchand de vin "à la soule" que fut trouvé ce passage qui de plus était muré depuis une cinquantaine d'années.

Le capitaine décida de s'introduire seul dans le château à l'occasion du bal, de défier et vaincre tous les Sélendal présents, et de profiter de la confusion ainsi créée pour lancer l'attaque de ses hommes. Je devais l'accompagner dans cette périlleuse mission mais les étrangers furent libérés par le capitaine et décidèrent de passer leur chemin.

Néanmoins nous devions les revoir, car ayant été pris pour des espions par le Sénéchal, ils furent capturés et connurent l'hospitalité des prisons du château pour un temps, avant de retourner la situation en abusant le vieil Oléron et en se faisant passer pour les ambassadeurs d'un pays lointain, Palantir je crois.

Le soir des noces arriva enfin. Tout était prêt et s'introduire dans la citadelle fut un jeu d'enfant. Blénol et ses hommes faisaient vraiment figure de barbares et il fallait vraiment qu'Oléron tienne à la paix pour leur donner la main de sa fille unique, Johanne. Il y eut même une querelle entre Randsal, le chef militaire de Mawé et le Sénéchal qui se régla par un combat dans les règles que le Sénéchal perdit à ma plus grande satisfaction - barbares peut-être ces gens de Mawé, mais ils savaient se battre, il n'y avait pas de doute. Puis Randsal d'insulter l'assemblée et de demander si quelqu'un d'autre voulait se battre. Le capitaine, qui jusque là tenait compagnie à Johanne, faisant connaissance, releva le défi et c'est ainsi que commença le carnage. Le capitaine était déchaîné, trucidant l'un après l'autre tous ses opposants avec l'aide de Morgandilas et de Chteu Chteu. Le capitaine ordonna de donner le signal de l'assaut généralisé et je me ruais vers le sommet du donjon une torche à la main. Je donnai le signal mais un garde se précipita sur moi. Le combat fut bref mais intense. Finalement je trébuchai en reculant sous un coup particulièrement puissant de mon adversaire et je tombai du sommet du donjon. Je me retins du bout des mains quand le garde, avec un sourire sadique, m'écrasa les doigts, me précipitant d'une hauteur de 30 mètres dans le vide.

Et c'est là que je me réveille. Ce rêve m'est apparu plusieurs fois avec une précision qui me fait dire que c'était peut-être le reflet d'une vie antérieure. En tout cas, à présent il n'est plus nécessaire de se battre pour vivre et je loue les dragons de m'avoir réincarné dans un tel rêve. Parfois je crains de me réveiller en train de terminer ma chute dans le vide pour venir m'écraser contre les rochers. Fassent les Dragons que ce jour n'arrive jamais.


Les dessous de l'histoire :

Toile de fond : guerre ancestrale entre les plateaux de Warg (capitale Galparan) et de Mawé (capitale Olphiéra)

Thème : vengeance, réconciliation (?), mystère d'un personnage charismatique

Un peu d'histoire : il y a 65 ans ...

Warg : Dom Eristan Jolan + femme Johanna + fils Eldron

Mawé : Gilbert Selendal + fils Gelmar et Sigisbert

Selendal offre la paix mais est trahi par Eristan. Le donjon de Galparan est en flammes -> mort de la femme et du fils d'Eristan sous ses yeux. Eristan est torturé est mis à mort mais jure de revenir pour se venger. Selendal met ses fils sur les trônes des 2 plateaux mais bientôt les 2 frères se chamaillent et la guerre reprend.

Aujourd'hui :

Warg : Oléron Sigisbert Selendal + fille unique Johanne + Sénéchal Bérénor

Mawé : Blénol Gelmar Selendal + fils Selmar et Julrik

Un mariage est arrangé entre Selmar et Johanne pour réconcilier les 2 familles. Mais les manigances du Sénéchal (à qui la guerre sied très bien) et l'orgueil légendaire des Gelmar va mettre des bâtons dans les roues de la paix

Le Capitaine :

Ce personnage énigmatique est le fruit d'une perversion subtile du Rêve. Il est à la fois la réincarnation d'Eristan Jolan, et une entité de cauchemar (haine) pleinement incarnée envoyée par les dragons à un moment crucial pour le Keshan. C'est un personnage étrange (dégageant une intense aura magique), instable (ignorant de sa nature, il reçoit cependant des réminiscences de son passé), perspicace (il a le don de lire les sentiments des gens), autoritaire, intangible (ne peu être blessé physiquement). Il a horreur du feu (rapport avec la mort de sa femme). Son point faible : lui dévoiler sa propre nature. Pour le commun des mortels c'est un homme providentiel venu des montagnes pour délivrer le peuple opprimé (par les lourdes taxes et l'impitoyable tyrannie du Sénéchal). Riche, il a fait venir de Nacre de la nourriture pour calmer la misère du peuple et a gagné sa confiance. Aujourd'hui, il est a la tête d'une armée de 50 hommes et compte renverser les Sélendal avant le mariage.

Mêlée : 16 ; Epée bastarde : +11 + froid (R à -4 en paralysie 1 r) ; Bouclier : +9

L'action :

L'action commence 4 jours avant le mariage. Les aventuriers sont capturés par les hommes du Capitaine et amenés à lui comme des espions. Le capitaine les disculpe mais décide de les mettre au secret en les confiant à la gardes de fidèles au village d'Esclandre à un jour de marche. Le village d'Esclandre est en flammes, pillé par les hommes du Sénéchal (prévoir une scène où le Capitaine entre dans une maison en flamme pour sauver une femme qu'il prend pour Johanna). Les joueurs sympathisent et joignent la cause du Capitaine.

Arrivé à Galparan, le capitaine voit la futilité d'une attaque frontale et décide d'agir seul (avec son aide de camp et les joueurs). Il compte tuer les Selendal et lancer l'attaque que lorsque la confusion sera a son comble. Il a souvenir d'un souterrain menant au château mais ses connaissance topographiques datent de 65 ans et le passage est muré. Le capitaine parvient a se faire inviter à la fête du mariage. Il rencontre Johanne, la mariée, qui ressemble à sa femme et sympathise.

Le dénouement devra exprimer les sentiments contradictoires du capitaine entre sa haine pour les Sélendal, l'amour naissant pour Johanne et la compassion pour les habitants de Warg. Lorsque ces thèmes seront épuisés, lancer l'assaut final.