Lorsque Logart proposa de mettre le cap sur l'île
mystérieuse, je savais que nous allions au devant de graves ennuis.
Notre séjour à Smirn avait déjà du être écourté après
qu'Athalef ait mis le feu aux bas quartiers de la cité pour créer une diversion
et faciliter notre évasion des sombres cachots de l'inquisition draconique.
Enfin c'était du passé et nous étions en sécurité sur le bateau d'Athalef -
enfin sur le bateau qu'il avait emprunté au port de Smirn le sauvant ainsi des
flammes. Mais n'avions nous pas quitté un mal pour trouver un pire ?
L'archipel de Smirnien recelait pourtant bien des
merveilles mais l'attention de Logart était focalisée sur cette île sans nom
figurant sur notre carte avec un point d'interrogation. D'après des rumeurs
dignes de foi (recueillies dans les prestigieuses tavernes du port de Smirn)
l'île était peuplée de sorciers et protégée par de terribles ouragans. Il n’en
fallait pas plus pour attirer Logart, compagnon en perpétuelle quête du savoir
oublié du second âge.
Morgandilas, navigateur du Vent des Rêves faute de
capitaine digne de ce nom
C'est alors que le navire d'une bande d'aventuriers
accosta l'île. Ils ne durent qu'à mon intervention d'éviter de se faire
massacrer mais ils ne témoignèrent guère de reconnaissance. Ils étaient curieux
d'apprendre ce que nous savions des dieux car apparemment ils étaient à leur
recherche. Et nous voici partis pour une quête divine qui se révèlera être pour
moi une quête des origines. Mais parfois mieux vaut vivre dans l’ignorance…
Selnak, émissaire naufragé
Cette partie nous comblait tous. Laniert se révèle le
meilleur d’entre nous pour ce genre de mise en scène. Son scénario est
classique mais efficace : L’héritière d’un royaume riche et éclairé est
enlevée par Klaberntok , affreux Thanatocien devant les dragons; son
père recherche des aventuriers assez téméraires pour aller la délivrer. Nous
sommes évidemment intéressés et passons avec brio les épreuves du connétable
destinées à tester nos compétences et notre bravoure. D’autres personnes nous
accompagnent (membres d’une certaine compagnie des rêves); c’est assez
inhabituel mais captivant car ces personnages sont pittoresques et éminemment
réalistes, comme animés d’une volonté propre. Lors de l’attaque dans la forêts,
la garde noir de Klaberntok manque de trucider ces étrangers (Laniert aurait
dû les concrétiser un plus puissants). Les étrangers hésitent à continuer plus
en avant du fait de blessés dans leur rang. Mais pourquoi des créatures issues
de l’imagination de Laniert auraient-elles peur ? En dehors du champs de
notre imagination, leur existence n’a plus lieu d’être. Une discussion s’ensuit
et nous comprenons la vérité : les membres de la compagnie des rêves ne
sont pas des chimères mais de véritables hommes venus de l’extérieur. Nous
pensions ne jamais plus en rencontrer. Nous abandonnons nos incarnations pour
nous regrouper dans l’Alliance et faire le point avec Laniert.
Kahl, drak du 1er cercle
Cruel dilemme ! Tout le savoir du second âge et
l’art unique développé par les draks se trouvaient regroupés sur cette île
unique en son genre.
Nous avions trouvé les « dieux » : c’étaient
de puissants haut-rêvants du second âge, issus de la fameuse cité du Grand
Savoir, qui ont été choisis par les dragons et détiennent certains de leurs
pouvoirs. Ils sont capables de « concrétiser » leur imagination et
s’exercent assidûment à cet art en vivant des aventures imaginaires sur des
terres truquées. Leur mue n’est pas encore achevée mais ils présentent déjà quelques
aspects lézardoïdes qui les rendent effrayant sous leur aspect naturel (sans
l’illusion habituelle qui les fait ressembler à de puissants héros)
Les draks nous ont fait comprendre que nous étions des
intrus dans leur terrain de jeu onirique et que leur secret devaient être
sauvegardé. Mais que nous n’avions rien à craindre d’eux : ils nous
laissaient l’alternative de repartir librement mais après effacement de nos
souvenirs des derniers jours ou alors de rester parmi eux pour partager leurs
connaissances et leurs jeux mais au prix de notre liberté car nous ne pourrions
alors plus jamais quitter l’île.
J’étais tenté d’accepter leur invitation car
l’apprentissage de leur art suffirait amplement à m’occuper pour le restant de
mon existence, mais je sentais que mes compagnons seraient vite lassés de cette
existence sédentaire.
L’appel du voyage l’avait une fois de plus emporté.
Logart, Haut-Rêvant philosphe
Finalement, nous étions sortis indemne de cette tempête,
la pire que nous ayons jamais traversée. Si l’île des sorciers existait
vraiment, elle était puissamment protégée et tenait à conserver son secret.
C’était folie que de persister dans cette quête futile d’une île chimérique
dans des eaux aussi tourmentées. Je réussis aisément à convaincre Logart
d’abandonner les recherches et de faire voile vers Spasme. Les haut-rêvants n’ont
pas encore inventé de sort contre le mal de mer ...
Morgandilas, capitaine du Vent des Rêves satisfait
d’avoir évité les pires ennuis